Comme tout bobo qui se respecte, dimanche dernier, j’ai été voir le Audiard avec des copains après avoir été bouffer un burger au Camion qui fume, où comment attendre une heure un burger super gras qui te fait péter ta race au MK2 quai de Loire, non climatisé. C’est donc dans des conditions gastriques difficiles que j’ai abordé le film qui a ému Antoine de Caunes sur le Twitter.
Le film est assez bon mais gâché par une fin vraiment merdique. La séquence du lac gelé et l’happy end avec la citation sur les os de la main est aussi maladroite que malvenue. Ca sent la surrenchère de malheurs, on en avait assez comme ça. C’était tout simplement inutile Jacques. Fais attention, tu bascules de l’autre côté. Je vais donc me consacrer sur les trois quarts du film : l’évolution de la relation entre le grand bêta et la femme tronc, qui pour moi est une photographie parfaite, ou alors un instagram chanmé, de ce qu’est l’amour aujourd’hui.
Marion Cotillard représente la femme moderne. Indépendante et belle, dans la vie elle est chef d’orchestre pour gros phoques. On me signale dans l’oreillette que la vraie discipline s’appelle dresseuse de cachalots. Mais le message est bien là ! POUR LES CONS QUI N AURAIENT PAS COMPRIS MON SOUS ENTENDU SEXISTE : Marion est une pute qui veut prouver son indépendance, elle croit contrôler de grosses bêtes qui font 10 fois sa taille, représentant les hommes et la société en général. Mais lorsqu’un cachalot de trente tonnes, j’en sais rien mais un truc gros quoi, lui tombe dessus, elle fait moins la maline et elle se retrouve sans jambes. Et être sans jambes en psychanalyse, ça veut dire être privée de sexualité. La petite sirène par exemple découvre la pine du prince, uniquement parce qu’elle a négocié des jambes avec la sorcière en échange de sa voix qui lui faisait dire plein de conneries. Aujourd’hui, les femmes ont la voix et les jambes, on est foutu.
Lui est un vrai con. Irresponsable grave, fasciné par les sports de combats, il gagne sa vie en étant videur, agent de sécu, puis street fighter pour des gitans dégueux. On se rend tout de suite compte de la situation de l’homme aujourd’hui. Ce grand dadet qui aurait été à l’âge de pierre élu l’homme le plus sexy de l’année dans Times, est aujourd’hui relégué au rang de gros connard de chômeur assisté. Aucune fille ne lui prête attention à part pour se faire piner dans le vestiaire d’une salle de sport.
Quand il rencontre Marion, il est videur dans la boite où elle vient faire sa pute pour montrer son indépendance face à son mari qui lui casse les ovaires. Elle ne prête pas attention à notre héros, mais l’utilise pour emmerder son mari intelligent, car plus petit qu’elle (les codes au cinéma doivent rester simples), elle garde néanmoins son numéro. Mais c’est lorsqu’elle se retrouve sans jambes, et que tout le monde lui tourne le dos qu’elle se décide à rappeler son gros crétin. Alors, femmes modernes, sans jambes, vous êtes alors obligée de dater ce videur débile aux trente mots de vocabulaire et êtes bien contente qu’il vous propose cette partie de moignons en l’air.
Dans ce film, on se rend compte que c’est le manque d’amour qui nous rend marginal. Le mec est con, certes, mais sa sœur l’est aussi. Ce qui donne à la frangine plus de bon sens, c’est qu’elle est amoureuse de son mari, et qu’à deux, ils forment une unité stable où le seul vice sera de voler des yaourts périmés au supermarché où elle travaille. Ce lifestyle est totally incompatible avec la vie chaotique de notre abruti belge préféré. Et si finalement ce qui nous rend précaire n’était ni la crise, ni les abus d’allocations chômage mais tout simplement le manque d’amour ? Ce même manque qui nous pousse, nous, hommes des cavernes, jusqu’à se battre contre des gitans horribles pour se sentir bon dans quelque chose. Quelle est la place de l’homme fort dans une société qui estime que l’élite demeure en Jean François Coppé ou Nicolas Bedos ? C’est ce qui le pousse à bosser pour ce mec qui installe des caméras de surveillance dans les espaces réservés aux employés. C’est lui qui va faire virer sa sœur pour vol de yaourts. Quand on ne se sent pas aimé, on est attiré par la destruction. Et c’est la destruction qui mène aussi à l’amour. Mais là ça devient positif alors j’arrête cet article ici, je préfère bader. Jacques, arrête les happy end, on vient voir tes films pour aller mal. Je vous laisse je vais manger une tarte aux poireaux chez ma mère.